Région Nouvelle Aquitaine|
Le réchauffement climatique est global à l'échelle de la planète, en Nouvelle Aquitaine le réchauffement entre 1959-2016 est très élevé + 1,4°C (objectif COP 21 de rester sous la barre des + 2°C !). Hausse des températures de l'air, de l'eau, des sols, hausse de l'évaporation et donc baisse de l'humidité dans les sols notamment agricoles, répartition des pluies déréglée... les impacts sont nombreux et visibles sur notre environnement, les productions économiques. Les canicules type 2003, les successions de tempêtes type hiver 2013-2014 seront plus fréquentes dans les années à venir.|
Depuis 1550, les archives témoignent des impacts du climat, de risques, de vulnérabilités des sociétés et populations. Les "passeurs de mémoire" que sont les notables, les clergés, puis les ingénieurs et les fonctionnaires enseignants notamment avec l'avènement de la République, relatent dans les écrits des récits et descriptions des tempêtes, inondations, sécheresses, submersions... tout au long de ces siècles. L'Histoire témoigne aussi d'une plus grande conscience (peur ?), veille et anticipation des risques par les populations, qui savaient se protéger (ne pas s'exposer) plus intuitivement qu'aujourd'hui|
Depuis 2001, la France a inscrit dans le Code de l'Environnement, que la lutte contre l'effet de serre et la prévention des risques liés au changement climatique, sont reconnus priorités nationales. Réalités et priorités d'actions inscrites dans notre Droit. Des plans sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont apparus en 2000, des plans climat en 2004, un plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC) est en cours de révision en 2018 et se traduit par des plans au niveau des six Agences de l'eau annexés aux SDAGE. Les Régions sont à présent chef de file de nombreux schémas en lien avec le climat : Climat Air Energie (SRCAE et PCAET), Cohérence écologique (SRCE), futur SRADDET pour le développement durable des territoires. C'est au niveau des documents d'urbanisme que le droit incite plus à la prévention (refus ou prescriptions d'aménager dans les PPRI, SCOT, PLU...). La réglementation environnementale, qui vise à protéger les fonctionnements naturels et mécanismes de régulations (cycles de l'eau, rôle des forêts dans le climat...) est aussi importante que les orientations agricoles et modes de production qui doivent tendre vers des pratiques à moindre impact, moindre empreinte environnementale.|
Les menaces sur la santé dues aux désordres environnementaux sont nombreuses et aggravées par la rapidité et l'intensité des changements actuels : maladies respiratoires, cardio-vasculaires, allergies, cancers, maladies mentales... Les atteintes peuvent être immédiates, physiques dans le cas d'évènements extrêmes (froids, canicules, tempêtes, inondations, submersions...) mais aussi à moyen long termes psychologiques ou physiologiques, sur la modification de la qualité des milieux de vie (pollutions chroniques, émergence de nouveaux pathogènes ou vecteurs comme le moustique tigre...). La santé humaine est donc plus que jamais liée à la santé environnementale, enjeux connexes qui devraient stimuler une prise de conscience individuelle et collective de la nécessité d'agir, pour anticiper, prévenir, agir.|
Les enjeux liés au changement climatique sont considérables sur les milieux (habitats, migration, développement et reproduction, invasions...), les activités liées aux ressources naturelles comme l'agriculture (stress hydrique, fertilité des sols, lutte contre les insectes et moisissures...), la pêche, le tourisme... L'état des eaux de surface (déjà globalement mauvais) risque fortement de se détériorer sous l'impact de la hausse des températures, de la diminution des débits, hausse de salinité, des pollutions par moindre dilution si les pressions se maintiennent... Tous ces facteurs fragilisent et modifient la chaîne alimentaire et les interactions entre les espèces, par ailleurs en régression pour beaucoup (insectes, oiseaux...) et pourtant essentiels à l'équilibre des écosystèmes.|
Le changement climatique induit et va accentuer la fréquence de sécheresse (T°C et ETP) et d'étiages plus extrêmes (débits plus faibles) en intensité et durée, une modification du régime des pluies (plus concentrées et irrégulières). La variation forte des débits (-20 à -50%) fait peser des risques importants sur les usages de l'eau : eau potable, assainissement, agriculture, industries, tourisme et bien évidemment sur la biodiversité aquatique et humide. Une adaptation des usages, pratiques est donc d'ores et déjà indispensable vis à vis des ressources disponibles, qui doivent être gérées de façon durable et responsable : gestion collective, raisonnée (car limitée dans l'espace et le temps), intégrée (prendre en compte toutes les interactions, tous les usages et usagers), respect des capacités de réalimentation naturelle, des capacités de résistance et résilience des milieux associés, gestion territoriale et concertée, inclusive.|
Climat et énergie sont des thématiques transversales en lien direct avec nos modes de vie, de production et de consommation. Sources de GES et de carbone, l'énergie et le transport ont un poids important sur l'évolution du climat. Les hausses du transport routier, aérien, des surfaces construites habitées et du tertiaire, ne sont pas compensées par les politiques pourtant volontaristes de performance ou d'évolution des technologies et mix énergétiques, l'évolution des usages et de la consommation des usagers. La production en énergies renouvelables (EnR) progresse et représente 19% en consommation régionale (61% biomasses et bois, ensuite photovoltaïque, 9% hydroélectricité, éolien seulement 3%).|
Activités économiques majeures du littoral aquitain, la pêche et la conchyculture sont très dépendantes des conditions et évolutions environnementales (pour la reproduction, alimentation, croissance). La dynamique des océans, les apports d'eau et de nutriments par les fleuves continentaux sont impactés par le changement climatique, menaçant les cycles de développements des espèces littorales, marines et exploitées : baisse des stocks, des renouvellements, de la croissance, migrations vers le Nord, prolifération de pathogènes... La politique commune européenne impose en vue de limiter les impacts : des quotas de prélèvement, un suivi des stocks, des migrations et compétitions inter-espèces, encadrement des pratiques de pêche...|
L'évolution déjà engagée et sensible du climat, est constatée au sein même des forêts, milieux qui pourtant ont un temps de développement significativement plus long du fait de la croissance des arbres. Cela se traduit par une modification de la composition des forêts aquitaines : remontée au Nord des essences méditerranéennes (pins maritimes, chêne-liège, chêne vert, chêne tauzin... La gestion patrimoniale des forêts est en lien étroit avec l'atténuation du changement climatique, et des objectifs de développement des EnR, sous certains aspects complémentaires : réduction des GES (par substitution du bois aux énergies fossiles), séquestration du carbone dans le bois sur pied et valorisation des produits bois, du bois comme éco-matériau dans la construction et la performance thermique...|
Activité majeure et diversifiée de la Nouvelle Aquitaine, l'agriculture est aussi très consommatrice et dépendante d'une ressource en eau, où le risque de déficit chronique estival est en augmentation. La filière agricole contribue également au quart des émissions de GES, notamment en méthane lié aux modes d'élevage, et en protoxyde d'azote lié à l'utilisation d'engrais azotés de synthèse (CH4 et N2O aux pouvoirs de réchauffement beaucoup plus élevés que le carbone). Augmentation prévisible des pluies hivernales, baisse de fertilité des sols, hausse des sécheresses estivales en durée et intensité, baisse de la disponibilité naturelle en eau... vont influer sur les rendements et les modes de cultures, notamment pour les cultures irriguées. Il est aussi envisagé un possible meilleur rendement des cultures d'hiver, une précocité et un raccourcissement des cycles culturaux, des risques de gel de printemps, sur les levée de dormance (germination des graines) et le débourrement, le nombre de fleurs... autant de variables et de vulnérabilités auxquelles il faudra les systèmes et les filières. La première stratégie d'adaptation réside dans le choix d'espèces, de variétés, de races, de pratiques culturales mieux adaptées, et plus résilientes à ces conditions changeantes, instables. La diversité et l'association d'espèces comme des mélanges céréales-légumineuses, techniques agroécologique et d'agroforesterie s'avèrent potentiellement prometteuses. Ou la culture du sorgho, plus résistant à la sécheresse que le maïs, dans les territoires à faible disponibilité en eau. Le levier génétique, l'adaptation des techniques de culture sont à explorer et mettre en oeuvre également : avancée des dates de semis (période humide), décalage des récoltes, réduction du travail du sol / mulching, densité de plantation, allongement des rotations et période de pâturage, évolution des compositions et rations alimentaires du bétail... autant de solutions à faire essaimer, en lien étroit entre producteurs et consommateurs, offre et demande, locale et plus globale.|
Souvent oubliés dans les enjeux climat, les territoires urbains participent à 70% des émissions de CO2 et sont fortement impactés par l'élévation des températures : risques naturels et vulnérabilité aux submersions, inondations, tempêtes ; îlots de chaleur ; pollution atmosphérique ; étalement urbain et artificialisation / imperméabilisation ; congestion des infrastructures routières et des réseaux eau p.ex. Autant de défis pour revoir et repenser, anticiper un urbanisme fonctionnel et durable, sobre et résilient aux perspectives d'évolution de la population, du climat, des services et empreintes environnementales des villes. |
Le changement climatique engendre plusieurs types de risque sur le littoral : l'élevation du niveau moyen de l'océan, l'érosion des cotes, les évènements extrêmes de tempête et de submersion du littoral (Martin en 1999, Klaus 2009, Xynthia 2010, hiver 2013/2014). Avec une élévation déjà constatée de 3 mm/an, le niveau marin devrait atteindre entre 0.3 et 1.5 m en 2100 suivant les scénarios climatiques (et actions engagées dans cet intervalle). Même limitée, cette différence de niveau entrâinera des modifications des régimes de vagues, de marée, la fréquence et l'intensité des tempêtes. Le recul des cotes, des plages, les mouvements de sables érosion / dépôt représentent plusieus mètres par an suivants les secteurs de cote. Cette morphologie très changeante affecte les courants, les zones de vie des organismes amrins, les zones de pêche, perturbent la navigation marchande et de plaisance, obligent dans les chenaux et ports à des travaux extrêmement coûteux d'entretien et de protection. La protection en dur des infrastructures, habitations... n'est plus la seule et unique stratégie à adopter (rapport coût / efficacité). La relocalisation ou le repli stratégique ; l'atténuation des risques doivent être combinés pour échelonner dans le temps les travaux et les investissements, de façon durable et rentable (définition objective et concertée du risque acceptable et du coût raisonné).|
Les zones humides, dans leur diversité, rendent des services écologiques indispensables au fonctionnement plus global des bassins versants et de vie : régulation hydrologique, biogéochimique (épuration, production de nutriments), habitat écologique, séquestration de C02... Outre notamment les impacts forts des réaménagements agricoles, l'étalement urbain, les pressions sur la ressource en eau superficielle et souterraine... le changement climatique, en modifiant les régimes de pluie, les hausses de T°C, de l'évaporation nette, des sécheresses... va impacter également fortement ces milieux fragiles. Leur protection et reconquête pour la régulation des eaux, sa qualité, son rôle tampon pour les crues ou comme puits de carbone... sont essentiels à toutes les échelles des bassins versants.|
Le climat, la biodiversité, l'eau, c'est l'affaire de tous, partout, tout le temps et surtout maintenant ! La participation et l'implication des citoyens à la décision publique et à leur mise en oeuvre est essentielle pour passer à une adaptation collective et sociétale à la hauteur des enjeux. Conception partagée des projets, aménagements, éducation du public, approche vulgarisée et inclusive, bienveillante des parties prenantes, sortir des injonctions techniques et technocratiques pour des débats, décisions, projets territorialisés et concertés... facette sociale des enjeux d'adaptation à petite et grande échelles !|